Témoignage du Père Louis THÉZÉ

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Je suis né dans une famille chrétienne où j’ai reçu les premiers sacrements et les enseignements élémentaires de la foi.
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Je me souviens de mon premier appel à la prêtrise…
Je revois encore la salle où nous nous réunissions pour le catéchisme, dans notre petite paroisse de campagne. J’étais fasciné par la personnalité de notre curé et par sa pédagogie empreinte de bonté et de douceur. Le fait le plus marquant pour moi eut lieu ce jour où je l’ai vu revêtir son aube et son étole pour célébrer la messe. Je n’étais qu’un enfant, mais j’étais ébloui, et je me suis dit alors : « je veux être comme lui ! ». Ce fut vraiment l’instant où, pour la première fois,  je ressentis le projet de Dieu dans ma vie.
Et puis l’adolescence et ses errances sont venues. Dans ma famille, nous n’allions qu’épisodiquement à la messe, et l’on peut dire que nous n’étions pas très fervents. Toutefois, j’ai eu la chance d’entrer dans un collège où la paroisse nous invitait à l’office une fois par mois, sans quoi notre pratique eût été encore plus diffuse.
Vers l’âge de dix-sept ans, sont venues les questions et les réflexions sur le sens à donner à ma vie. C’est à cette époque que j’ai commencé à assister plus assidûment aux offices. Puis, j’ai découvert la messe traditionnelle en latin, célébrée par un prêtre de notre diocèse. La beauté de la liturgie et des chants religieux a opéré en moi une véritable conversion. C’est alors que j’ai ressenti cette soif (qui n’a jamais été étanchée) de mieux connaître Jésus. Je puis dire que je l’ai rencontré en personne et qu’il a bouleversé tous les aspects de ma vie. J’ai compris avec certitude que Jésus est mon sauveur et qu’il veut mon bonheur sur terre, et plus tard avec lui, au Ciel, en paradis. Je me suis alors senti membre d’une communauté : celle des disciples de Jésus. C’est là que se trouvait ma véritable place…
À nouveau, j’ai ressenti l’appel de Dieu à devenir Son prêtre. C’était un désir, un immense désir de changer les choses, de changer le monde ! Un désir de voir les gens faire l’expérience de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, de la même manière que je l’avais faite. J’étais envahi par la conviction profonde que, si seulement le monde connaissait vraiment Jésus, le paradis descendrait sur la terre. C’était un feu qui brûlait en moi. Je faisais l’expérience d’un zèle qui me consumait et me vivifiait à la fois.
Le prêtre consacre le pain Eucharistique
Le prêtre consacre le pain Eucharistique
Cet appel divin a fait naître en moi l’envie de dire à d’autres que si Jésus a bouleversé ma vie, il peut aussi bouleverser la leur ; l’envie aussi de partager et d’annoncer que Jésus est le Sauveur de tous les hommes. Il est mort et ressuscité pour nous et Il veut que notre vie en soit transformée au plus profond de nous-mêmes.
Ma vocation de prêtre s’est inscrite (et s’inscrit toujours) en premier lieu dans l’annonce de la Bonne Nouvelle de l’Évangile, et ensuite dans ce désir profond et sacré que j’avais de célébrer les sacrements (en particulier l’eucharistie) qui sont les remèdes de la vie chrétienne à la souffrance, et la nourriture de notre âme.
Je suis devenu prêtre, non sans vicissitudes. Je suis un homme humble, mais j’essaie d’être un prêtre véritable, fidèle à l’enseignement de Jésus qui est le bon pasteur, lui qui connaît Ses brebis et les appelle par leur nom. Jamais je ne serai un prêtre qui se comporte comme un notable en se parant de son titre, de sa fonction ou de son autorité officielle, jaloux de ses prérogatives, voire tenté d’en abuser.
Je me veux comme un père, un ami, au milieu des hommes : proche, toujours à l’écoute, et prêt à consoler et à encourager les âmes. Je me veux avant tout un Homme de Dieu.
Méditons sur ces sujets les textes suivants.
Jésus dit aux pharisiens : « Je suis le Bon Pasteur. Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, celui qui n’est pas le pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit. Et le loup les emporte et les disperse. Le mercenaire s’enfuit parce qu’il est mercenaire et qu’il ne se soucie pas des brebis. Je suis le Bon Pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père. Et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là aussi, il faut que je les conduise ; et elles écouteront ma voix, et il y aura une seule bergerie et un seul Pasteur. » (Saint Jean 10, 27-30).
Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans, ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ? 
Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits… (Matthieu 7, 15, 17)
Je n’envisage pas l’état de prêtre comme celui d’un « fonctionnaire de Dieu », mais comme celui d’un de Ses serviteurs vivant parmi les autres hommes, et « s’il faut se vanter, je me vanterai de ce qui fait ma faiblesse. » (2 Co 11, 30). Pour moi, le prêtre n’est pas le représentant d’une Église conservatrice où se réunissent « les parfaits », une Eglise égocentrique qui se proclame elle-même la seule référence divine. Pour moi, le prêtre est avant tout le serviteur de la communauté des disciples de Jésus, avec leurs défauts et leurs qualités. Cette notion très simple recouvre celle d’un chemin parfois très difficile, mais elle transcende l’idée même d’Église. Les Apôtres n’avaient pas d’Église : ils étaient l’Église ! Comme j’aurais aimé être parmi eux !
Une Église missionnaire, comme le groupe des Apôtres, accepte de sortir d’elle-même pour aller vers les périphéries de l’existence. Une Église est avant tout une communauté où chacun est bien accueilli, libre, considéré, et où chacun peut compter sur les autres dans un esprit d’ouverture, de paix et de fraternité.
Je suis prêtre pour aimer. Aimer jusqu’à ce que cela me blesse, s’il le faut ! Aimer non pas pour le meilleur et jusqu’au pire, mais, comme dans le mariage, pour le meilleur et pour le pire. Si je m’arrêtais dans cette voie avant son terme, je n’aimerais pas et je n’aurais jamais aimé. Je serais comme ces jeunes talents qui renoncent au piano dès que la facilité des premières heures cède la place au dur labeur des gammes et de la répétition inlassable.
Ils ignorent, et ils ignoreront toujours, que l’aisance du virtuose n’est pas innée, qu’elle ne donne cette impression de légèreté et de spontanéité que grâce au travail patient et obscur de l’élève appliqué. Si je veux jouer une partition sacrée, belle et audacieuse, je dois la concevoir dans la perspective de l’éternité. Sans cela, je ne ferai que tapoter le clavier, je ne jouerai que de petites mélodies sans âme, je resterai toujours en deçà de ce que Dieu attend de moi.
Je reprendrai sur ce thème les paroles de saint Paul : « Si j’annonce l’Évangile, ce n’est pas pour moi un sujet de gloire, car la nécessité m’en est imposée, et malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! Si je le fais de bon cœur, j’en ai la récompense ; mais si je le fais malgré moi, c’est une charge qui m’est confiée… »
Je vous invite, cher lecteur, à vous demander si votre propre vision de la vie et de l’avenir est suffisamment vaste pour Dieu ? Pouvez-vous dire : « Dieu s’est servi de moi pour faire de grandes choses, parce que c’est ce que j’attendais de lui ? »
Ce n’est pas nous seuls qui pouvons changer le monde, notre communauté, ni même notre existence : c’est l’Esprit de Dieu qui renouvelle la face de la terre, Lui qui a donné naissance à l’Église et qui continue à lui apporter une nouvelle naissance. C’est l’Esprit-Saint qui nous pousse à embrasser notre véritable identité d’Église missionnaire. C’est l’Esprit de Dieu qui se répand dans une nouvelle Pentecôte, qui nous donne la capacité de porter l’évangélisation, semence de notre futur.
Pentecôte 2016 040

6 Réponses

  1. Marie-Claude Bellande

    Une belle leçon et il est vrai que Dieu reconnait toutes ses brebis.

  2. Merci ! Père, pour ce témoignage qui réchauffe le cœur et qui redonne confiance dans le clergé. Votre site est une véritable gourmandise (que je vous demande, si il y a lieu, de me pardonner Mon Père) pour moi et j’attends toujours avec impatience les nouveautés.
    Quand est ce que nous pourrons lire de nouveaux témoignages sur votre site?
    Bonne préparation de l’Ascension et de la Pentecôte ! Je prie pour que l’Esprit-Saint nous envoie de plus en plus de disciples de Jésus comme vous !

  3. Père Louis

    Merci ! Vous êtes décidément incorrigible, cher ami.

  4. Très beau témoignage!

  5. bonjour mon pere j’espere vous revoir un jour sur paris merci pour tout ce que vous faites pour l’eglise car la se trouve la verité

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